Créer un Zara Africain ?
Un article de Ramata Diallo, fondatrice d’Africa Fashion Tour
Aujourd'hui, plus que jamais, les conditions sont réunies pour lancer des réseaux de boutiques de marques africaines à travers le continent. Plutôt que de toujours copier un modèle occidental, il faut aussi créer un modèle économique unique, adapté aux réalités locales. Les premiers obstacles au développement d'un commerce international en Afrique sont souvent liés à la langue et à la monnaie. Le développement d’affaires entre pays anglophones et francophones, hérités de l’histoire coloniale, constitue un véritable challenge.
En outre, l’idée d’un marché africain unifié, avec une monnaie unique pour faciliter les échanges entre les 54 pays du continent, est à considérer. Dans les secteurs de la mode et de la beauté, des marques comme Nanawax se distinguent en s’implantant dans plusieurs pays africains. À côté, les enseignes sénégalaises Sofatou et Sisters Of Africa étendent leurs présences à Dakar et Abidjan.
Les entrepreneuses derrière ces marques se tournent également vers l’international en organisant des pop-up stores à Paris, Montréal, Bruxelles ou New York. La vente en ligne reste le premier levier pour atteindre les consommateurs locaux et internationaux. Les success stories occidentales, telles que le groupe Inditex (Zara) ou Mango, peuvent inspirer, mais il est essentiel de réunir les différentes parties prenantes pour développer un modèle économique propre à l’Afrique. Ce temps de réflexion doit être accompagné d’actions concrètes et de tests pour valider les approches.
Le modèle de la franchise
La franchise pourrait être une solution. Il s'agit d'un modèle économique où une entreprise (franchiseur) permet à une autre (franchisé) d'exploiter sa marque et son concept moyennant une redevance. Cela permet de bénéficier de la notoriété du franchiseur tout en gérant son propre point de vente. La mise en commun des compétences et des ressources est une clé pour accompagner ces initiatives.
Certaines marques africaines et internationales développent déjà ce modèle. La franchise "Plan B", avec ses nombreuses boutiques, est un spécialiste africain du fast-food. De même, Lapaire, avec ses enseignes d’optique, est souvent comparé à Afflelou en Afrique. Enfin, Proxi Market, s'impose dans le commerce alimentaire de quartier.
Des marques internationales comme Kiko, Adopt, Yves Rocher et Kiabi continuent d’étendre leurs activités en Afrique grâce à des partenariats de franchise avec des entrepreneurs locaux. Le marché est prêt.
À quand la création d’un véritable spécialiste africain de la franchise dans la mode ou la beauté ?
Par Ramata Diallo, fondatrice d’Africa Fashion Tour
Bio Ramata Diallo
Ramata Diallo est une entrepreneure spécialisée dans le business de la mode. Elle est à la fois journaliste, professeure et business coach. Elle a travaillé pendant 10 ans pour des marques de mode françaises en tant que category manager, voyageant de Miami à Guangzhou pour créer de nouvelles collections chaque saison. Après une belle carrière de salariée, elle décide de créer une agence de formation et de conseil spécialisée dans le business de la mode.
Son entreprise, Fashion Consulting Paris, est dédiée à l'accompagnement des créateurs et entrepreneurs dans la construction et le développement de leur marque. L'agence se concentre sur la fashion Tech, le e-commerce et la durabilité. Elle enseigne également le business de la mode à Paris, collaborant avec plusieurs écoles telles que Lisaa Mode Paris et Paris School of Luxury, et se spécialise en marketing digital et développement de produits.
Enfin, elle est la fondatrice de Africa Fashion Tour, un média dédié à la promotion des industries culturelles et créatives africaines. Elle se rend régulièrement en Afrique pour assister aux Fashion Weeks et comprendre le business de la mode à Lagos, Abidjan ou Accra. Elle écrit des articles pour décrire ce qu’elle observe et réalise des interviews de créateurs africains afin de contribuer à leur visibilité à l’échelle internationale.